Le régime fiscal de la société par actions simplifiée

Le choix de structurer juridiquement son activité sous la forme d’une société par actions simplifiée doit se faire en ayant connaissance du régime fiscal applicable à cette société. Ainsi la société par actions simplifiée est en principe, comme toutes les sociétés de capitaux, imposable à l’impôt sur les sociétés. Toutefois, si certaines conditions sont réunies, cette société pourra relever d’un autre régime fiscal, celui des sociétés de personnes.

Le régime fiscal de principe : le régime des sociétés de capitaux

En principe la société par actions simplifiée est soumise au régime applicable à toutes les sociétés de capitaux, celui de l’impôt sur les sociétés. Ainsi, et sous réserve qu’elle n’use pas de la faculté dont elle dispose d’opter pour le régime des sociétés de personnes, la SAS sera redevable elle-même de l’impôt sur les sociétés.

L’imposition dans les mains de la société

Le code général des impôts applique par principe à la société à responsabilité limitée le régime des sociétés de capitaux.

En vertu de ce régime la SARL est donc une société dite opaque. C’est la société qui est redevable de l’impôt en fonction du résultat qu’elle aura réalisé au cours d’un exercice fiscal. L’impôt qui lui est applicable est l’impôt sur les sociétés aux taux de 28% et de 15% pour les 38.120 premiers euros pour les sociétés qualifiables de PME (chiffre d’affaires inférieur à 7.630.000 €, capital social entièrement libéré, société détenue à au moins 75% par des personnes physiques).

Si des bénéfices sont réalisés, la société est donc imposable sur ces derniers. Si la société réalise un déficit, ce dernier est reportable sur les années ultérieures dans la limite d’un forfait annuel de 1 million d’euros ainsi que d’un surplus ne pouvant excéder 50% du reste du bénéfice imposable. Imaginons que la SARL a réalisé, au cours d’un exercice N, un déficit de 3 millions d’euros et qu’à l’année N+1 elle réalise un bénéfice de 4 millions d’euros. La SARL pourra reporter le déficit de l’année N en année N+1. Ainsi, en année N+1 elle pourra déduire 1 million d’euros des bénéfices imposables, ramenant ces derniers à un montant de 3 millions d’euros. Elle pourra ensuite déduire 1,5 millions d’euros (montant correspondant à 5°% du reste du bénéfice imposable soit 3 millions d’euros). Le bénéfice imposable total en année N+1 sera donc de 1,5 million d’euros. 500k euros de déficits qui n’ont pas été déduits pourront être déduits au cours de l’année N+2.

L’imposition dans les mains des associés

Lorsque les associés d’une société à responsabilité limitée décident, au cours d’une assemblée générale ordinaire, de se verser des dividendes, ces derniers seront imposables dans les mains de ces associés.

Si ces dividendes sont distribués à des particuliers, ils constitueront ce que l’on appelle des revenus de capitaux mobiliers. Ces derniers sont imposables au titre du prélèvement forfaitaire unique au taux de 30% ou au titre du barème progressif de l’impôt sur le revenu étant entendu que dans cette situation les dividendes versés bénéficieront d’un abattement de 40%.

Si ces dividendes sont distribués à des sociétés soumises à l’impôt sur les sociétés, ces derniers constitueront des produits et financiers et seront imposables dans les mains de cette société au titre de l’impôt sur les sociétés.

Le régime fiscal d’exception : le régime des sociétés de personnes

Les conditions pour opter pour le régime des sociétés de personnes

Le code général des impôts prévoit que la société par actions simplifiée, tout comme la Société à Responsabilité Limitée (97) ou la Société Anonyme, peut être soumise sur option au régime des sociétés de personnes. Cette option ne peut être exercée que si plusieurs conditions sont réunies :

Conditions tenant à la société :

  • La société ne doit pas être cotée (ce qui est le cas d’une SAS).
  • La société doit exercer à titre principal une activité industrielle, commerciale, artisanale, libérale, agricole.
  • La société doit employer moins de 50 salariés.
  • La société doit avoir réalisé un chiffre d’affaires annuel ou un total de bilan inférieur à 10 millions d’euros au cours de l’exercice.
  • La société doit avoir été constituée depuis moins de cinq ans.

Conditions tenant aux associés : 

  • Le capital et les droits de vote doivent être détenus à hauteur de 50% au moins par des personnes physiques
  • Le capital et les droits de vote doivent être détenus à hauteur de 34% au moins par un ou plusieurs dirigeants ainsi que par les membres de leur foyer fiscal.

Concernant les modalités d’exercice de l’option, celle-ci devra faire l’objet d’un vote à l’unanimité des associés. Cette option vaut pour cinq ans. Si la société décide de retourner au régime de principe (celui de l’impôt sur les sociétés), un tel retour sera définitif. Elle ne pourra ainsi plus revenir au régime des sociétés de personnes par la suite.

Les conséquences d’une imposition au titre du régime des sociétés de personnes

Dans le cadre du régime des sociétés de personnes, il faut imaginer que la société est transparente fiscalement. Autrement dit la société n’est pas redevable elle-même de l’impôt. Ce sont les associés qui devront s’acquitter de celui-ci.

Ainsi, en pratique, le résultat (bénéfice ou déficit) est calculé au niveau de la société puis si ce calcul fait apparaître un bénéfice, celui-ci est distribué aux associés en fonction de leur quote-part dans le capital social de la société. Ces revenus s’ajouteront aux autres revenus de l’associé afin de constituer sa base imposable.

Si l’associé est une personne physique, il sera redevable de l’impôt sur le revenu au titre des bénéfices perçus provenant d’une société de personnes. Si l’associé est une personne morale, les bénéfices perçus s’ajouteront aux produits financiers de celle-ci et ces bénéfices seront imposés à l’impôt sur les sociétés.

L’autre spécificité de ce régime est que l’imposition dans les mains des associés se fait à raison du résultat réalisé par la société et non à raison des résultats appréhendés par la société. Si la société fait 15.000 € de bénéfices mais que ces derniers ne sont pas distribués, les associés seront tout de même imposés sur cette somme. En revanche si la société dégage un déficit à la fin de l’exercice, les associés pourront imputer directement sur leur revenu globale la quote-part de déficit qui leur revient en fonction de leurs droits au sein de la société et ce alors même qu’ils n’auraient pas comblé les pertes de la société.

Le rôle de l’avocat fiscaliste dans le choix du régime fiscal

L’avocat fiscaliste vous conseillera tant vis-à-vis de l’opportunité d’une éventuelle option au régime des sociétés de personnes que des modalités de réalisation de cette option.

Prendre attache avec un avocat spécialisé en droit fiscal vous permettra ainsi d’être certain non seulement du choix de constituer une société à responsabilité limitée mais également du régime fiscal le plus adapté à votre situation.